Comme indiqué lors de la dernière réunion du club, nous souhaitons mettre en place un « thème » mensuel, choisi pendant la réunion. Ce thème fera l’objet à la réunion suivante d’une présentation par un référent et permettra de faciliter les échanges sur les aspects technique et composition. Il va de soi que les discussions « hors thème » auront toujours leur place et ce à tout moment ! La réunion de rentrée s’étant terminée très tardivement aucun thème n’a été choisi pour ce premier mois : je vous propose donc un premier thème « technique » sur :
« Le triangle d’exposition »
Sur la plupart des appareils photos, trois paramètres permettent d’influencer l’exposition de la photographie, c’est à dire la quantité de lumière reçue par la surface sensible (pellicule pour les appareils argentiques, capteur électronique pour les numériques). Si la surface sensible reçoit trop de lumière, la photo sera surexposée : dans le cas contraire elle sera sous-exposée.
Photo sur-exposée, le ciel apparait blanc uni, on ne distingue plus le détail du mur :
Photo sous-exposée : le rendu est très sombre, on ne distingue pas le détail du sujet :
Toute la difficulté pour un appareil photo (en mode automatique) ou pour un photographe (en mode manuel ou semi-manuel) tient dans le bon dosage des paramètres à sa disposition, à savoir :
- La sensibilité dont l’unité est l’ISO (anciennement ASA) : détermine la manière dont le film ou le capteur réagit à la lumière. Une sensibilité basse sera adaptée aux photos d’extérieur par temps ensoleillé, alors qu’un film plus sensible sera préférable pour les prises de vue en intérieur avec éclairage réduit
- 100 ISO : peu sensible
- 400 ISO : sensibilité moyenne
- 1600 ISO : sensibilité élevée
- La vitesse d’obturation (ou temps de pose) : lors de la prise de vue, un rideau mobile va s’ouvrir pendant une durée plus ou moins longue afin de laisser la lumière aller jusqu’au film ou au capteur. Les durées d’ouverture sont mesurées en fraction de seconde, voir en secondes pour les pauses les plus longues :
- de lente (1seconde, 1/4, 1/8, 1/15 de seconde)
- à rapide (1/125, 1/500, 1/1000 de seconde)
- L’ouverture : contrôlée par le diaphragme, détermine la quantité de lumière transmise sur le film ou le capteur et est donnée en nombre f, tels que f/2,8, f/4, f/8, f/16.
- Un petit nombre (f/2, f/2.8 …) correspond à une grande ouverture (plus de lumière)
- Un grand nombre (f16, f22) correspond à une petite ouverture (moins de lumière)
Ces trois paramètres forment le triangle d’exposition :
Pour qu’une photo soit correctement exposée, il faut donc réussir à équilibrer ces paramètres, mais heureusement les choses sont plus simples qu’elles n’en ont l’air. En effet, à chaque situation plusieurs possibilités vont s’offrir au photographe, les différents modes de prise de vue offerts par l’appareil permettant d’aider au choix des paramètres.
Chacun de ces trois paramètres va influencer à sa manière le rendu final de la photographie, il est donc très important de comprendre l’impact qu’aura chaque paramètre sur la photo pour choisir par où commencer :
- Une sensibilité trop élevée (en numérique) va faire apparaître un phénomène de « bruit » sur la photo, sous forme de petits points de couleur qui vont venir parasiter le cliché. La plupart des appareils modernes permettent de monter sans risque à 800 ISO. Au delà attention…
- La vitesse d’obturation va permettre de figer plus ou moins la scène photographiée. Pour photographier des enfants qui jouent, des sportifs ou des véhicules en mouvement, il faudra choisir une vitesse élevée (1/125 ème minimum pour des enfants pas trop turbulents, 1/250 ème voir 1/500 ème pour les sujets les plus rapides)
- L’ouverture va agir sur la profondeur de champ, c’est à dire la zone située entre l’appareil photo et l’horizon qui sera nette sur la photo. Plus le diaphragme sera ouvert (rappel : diaphragme ouvert = petite valeur comme f 4, f 2.8, etc.), plus la profondeur de champ sera réduite : très pratique pour les portraits afin de mettre en valeur le sujet, moins pratique pendant les réunions de famille car on augmente le risque d’avoir une seule personne nette sur chaque photo…
Lorsque l’appareil est sur le mode « tout automatique », il va essayer de trouver le meilleur compromis entre ces paramètres. Si il s’en tirera assez bien dans les cas simples (photo d’extérieur, avec soleil radieux et pas trop de contrastes entre ombres et lumières), les choses vont se gâter dès que la situation va se complexifier : c’est là que vous, photographe, allez pouvoir l’aider ! Mais rassurez-vous, les choses vont se faire naturellement, petit à petit. C’est un des avantages du numérique : essayez, essayez et essayez encore. Vous hésitez entre deux réglages ? Essayez les deux ! Vous pourrez retrouver les paramètres de la meilleure prise de vue dans les données EXIF de la photo, et progresser à partir de vos erreurs et de vos succès.
Alors, comment choisir le bon mode, quel paramètre utiliser ? En se posant les bonnes questions !
- Est-ce que je suis dans un lieu très lumineux ou au contraire très sombre ? Faut-il monter les ISO jusqu’à 1600 ou 3200 pour avoir une vitesse suffisante ? Ou au contraire descendre à 100 car le soleil brille ?
- Est-ce que le sujet de ma photographie est en déplacement ? Si oui, il faut que je choisisse en priorité une vitesse de déclenchement appropriée : 1/125 ème de seconde ou plus. Tant pis si il faut monter en ISO et avoir un peu plus de bruit : il vaut mieux avoir une photo avec un peu de bruit (qu’on peut réduire en post-traitement avec un logiciel comme Lightroom) qu’une photo floue sans bruit et inexploitable… Je choisirais le mode « Priorité vitesse » de mon appareil (« S » chez Nikon, « Tv » chez Canon) pour fixer la vitesse et la sensibilité et laisser l’appareil choisir la meilleure ouverture.
- Est-ce que je souhaite privilégier la profondeur de champ ? Par exemple je souhaite réaliser un portrait en ayant un fond flou (on parle aussi de bokeh), ou au contraire m’assurer d’avoir l’ensemble des éléments nets sur ma photo, du sujet principal jusqu’à l’arrière plan : dans ce cas je choisirais une ouverture de diaphragme adéquate (ex : entre f 1.4 et f 4 pour une profondeur de champ réduite) en utilisant le mode « Priorité ouverture (« A » chez Nikon, « Av » chez Canon »)
- Je suis toujours perdu entre vitesse et ouverture, il fait beau avec peu de nuages : je sélectionne 100 ou 200 ISO et sélectionne le mode « Programme » (La lettre « P »). L’appareil va choisir un couple vitesse / ouverture adapté à la luminosité sans utiliser le flash intégré de l’appareil (croyez moi, laissez ce petit flash rangé pour l’instant : il ne vous apportera pas grand chose de bon pour l’instant…).
Après avoir pris la photo, prenez le temps de regarder le résultat. Sans aller jusqu’à une analyse poussés de l’histogramme (on verra ça plus tard dans l’année !), demandez vous ce qui va et ce qui ne va pas dans cette photo (sans parler non plus de composition ni de règle des 2/3) : est-ce que mon sujet est trop flou (vitesse insuffisante) ? Est-ce que mon image est trop parasitée par le bruit (ISO trop élevés) ? Est-ce que mon sujet n’est pas assez mis en valeur (profondeur de champ trop importante) ?
Parfois vous vous apercevrez que votre matériel ne vous permettra pas de réaliser la photo voulue : votre objectif ne vous permettra d’ouvrir suffisamment le diaphragme ou votre boitier ne vous permettra pas de monter suffisamment dans les ISO. Ne vous découragez pas, et apprenez à connaitre les limites de votre matériel : de cette manière vous saurez les exploiter au mieux en poussant votre matériel au meilleur de ses capacités !
Je n’ai pas parlé du mode « Manuel » (la fameuse position « M ») pour la simple raison que ce mode ne vous permettra pas de faire mieux que les modes « Priorité vitesse » et « Priorité ouverture ». Ce mode est (à mon sens) plutôt à réserver à des cas particuliers : photos en studio avec éclairage spécifique, macro-photographie (dans certains cas), photos artistiques (Light painting).
Pour finir quelques compléments utiles à connaitre :
- En dessous de 1/60 ème de seconde il est préférable d’utiliser un trépieds ou de poser l’appareil sur une table ou un muret pour éviter le flou de bougé.
- Plus la focale utilisée est grande (en gros plus on « zoome »), plus il faut utiliser une vitesse d’obturation élevée : la règle de base parle de l’inverse de la focale. Ainsi, avec un 300 mm, il est déconseillé de descendre en dessous de 1/300 ème de seconde
- A moins d’utiliser un objectif ultra-performant (et donc d’un prix indécent), il est préférable de travailler avec les valeurs extrêmes de sa plage d’ouverture (ex : le 35 mm f 1.4 de nikon sera plus performant à partir de f 2)
- Inutile de courir après le matériel photo le plus cher : vous trouverez toujours du matériel encore plus cher et encore plus performant. Pour vous en convaincre allez voir cet article sur un photographe pro qui a couvert tout un mariage avec un smartphone (IPhone 4)
- Et enfin : essayez tout et n’importe quoi, entraînez vous à prendre en photo les objets du quotidien, apprenez de vos erreurs, et surtout PRENEZ DU PLAISIR : c’est la clé de la réussite !
Tout au long de cette année nous aurons l’occasion de discuter des aspects techniques un peu plus poussés (balance des blancs, corrections d’exposition, influence de la focale sur la profondeur de champ, post-traitement, éclairages, etc.). Si vous souhaitez en savoir plus sur les activités du club, ou venir nous rencontrer n’hésitez pas à nous écrire en passant par le formulaire de contact !
Le Triangle d’exposition, c’est la clé de l’exposition… En Mode Automatique, on a un passe-partout, ou presque.
Les autres Modes P,S,A et M nous permettent de travailler une clé spécifique à chaque sujet, qui permettra à chacun de s’exprimer au mieux selon sa sensibilité.
La notion d’IL (Indice de Lumination) ou EV pour les anglo-saxons, abordée dans l’article est un exercice mental qui s’impose en permanence (souvent sans le savoir) dans l’esprit de tout photographe…
Merci Gautier pour cet article qui présente bien les 3 leviers de la réussite photographique, et qui nous permettent de partager tant de plaisir.